8. Études Écossaises (SFEE)

8. Études Écossaises (SFEE)

Responsables : Clarisse Godard
Desmarest (Université de Picardie Jules Verne) et Marie-Odile Pittin-Hédon (Aix
Marseille Université)

Ateliers I

Jeudi 6 juin 2019, 13h30-16h30

13h30 Alice Lemer-Fleury

Université de Nantes

Les Écossais et l’émigration nord-américaine à la fin du long XVIIIe siècle : des individus d’exception

À la fin du long XVIIIe siècle, les Hautes Terres d’Écosse sont en pleine transition : la société agraire traditionnelle organisée autour du baίle fait place aux improvements, aux clearances et aux pâturages de moutons, mais aussi à l’émigration des Highlanders vers l’Amérique du Nord. Ces changements sans précédent pour la région vont bouleverser à tout jamais l’histoire des Highlands, de l’Écosse et de l’Empire dans son ensemble. Et, dans le débat qui se joue alors en Grande-Bretagne sur la question de l’émigration, les Écossais – penseurs, observateurs et migrants – font figure d’exception. L’objet de cette communication sera d’abord de montrer comment penseurs et observateurs écossais qui s’attachent au « problème » de l’émigration remettent en question les lieux communs et les idées préconçues sur le sujet. À travers l’étude des travaux de la Royal Highland Society, de John Knox (1720-1790), d’Alexander Irvine (1773-1814) ou de Lord Selkirk (1771-1820) par exemple, on montrera comment les Écossais se sont démarqués des Anglais dans leurs analyses empiriques de l’émigration, de ses causes et conséquences et comment ils ont durablement influencé les perceptions de l’émigration en Grande-Bretagne. On verra en outre la façon dont, à travers ces publications mais aussi dans d’autres sources publiées alors (notamment la presse, les revues et les magazines britanniques), se façonnent les représentations, réelles et fantasmées, des Highlands et des Highlanders. Tantôt aventurier, tantôt exilé – victime, fainéant, robuste, arriéré, pionnier, ou encore guerrier défenseur de l’Empire – le migrant des Highlands apparaît comme un individu d’exception et qui fait exception, en échappant aux attentes d’une société moderne et conservatrice tout en incarnant ses aspirations romantiques et expansionnistes.

13h50 Sabrina Juillet Garzon

Université Paris 13

L’exception écossaise : un argument de poids dans les négociations d’alliance matrimoniale entre l’Espagne et les royaumes britanniques en 1623 ?

Depuis l’échec des mariages des Tudors avec l’Espagne au XVIe siècle, la monarchie espagnole s’était bien juré de ne plus marier ses enfants avec des princes anglais. Pourtant, à partir de l’arrivée de Jacques VI d’Écosse sur le trône d’Angleterre en 1603, des négociations d’alliance matrimoniale furent de nouveau tentées. Elles atteignirent leur paroxysme en 1623 lorsque le Prince Charles de Galles se déplaça en personne à Madrid pour venir chercher sa fiancée, l’Infante Maria. Si une telle démarche fut présentée comme exceptionnelle et incroyable en Angleterre et en Espagne, elle ne le fut pas tant en Écosse. Elle fut présentée comme une tradition et devint l’argument principal qui fut officiellement donné par le Roi Jacques pour la justifier. Elle fut ensuite exploitée du côté espagnol comme un argument devant prouver que le Prince Charles était venu en digne héritier de ses ancêtres catholiques écossais, pour se convertir. Elle créa ainsi un doute sur les véritables intentions du Prince Charles et participa à convaincre Philippe IV de continuer un temps encore des négociations que l’Espagne ne voulait en réalité plus depuis longtemps. Cette communication propose de revenir sur la tradition des Stuarts écossais des XVIe et XVIIe siècles d’aller quérir leurs fiancées et futures reines en terre étrangère ainsi que sur l’impact qu’elle a eu plus particulièrement sur les négociations de mariage avec l’Espagne en 1623.

14h10 DISCUSSION

14h30 Emerence Hild

Université de Strasbourg

L’élection de Robert McIntyre à Westminster en 1945 : un résultat exceptionnel ?

Les travaux consacrés au Scottish National Party tiennent communément la victoire de Winnie Ewing à l’élection partielle de Hamilton en 1967 pour l’évènement pivot qui permit, d’une part au SNP de trouver une place pérenne dans le jeu politique britannique, et d’autre part de démontrer à la fois la nouvelle maturité organisationnelle et idéologique du parti. Au sein du Scottish National Party lui-même, cette victoire est depuis considérée comme un moment fondateur et Winnie Ewing comme une figure pionnière du combat pour l’indépendance de l’Écosse. L’élection du premier député nationaliste à la Chambre des Communes, Robert McIntyre, lors de l’élection partielle de Motherwell en 1945 ne bénéficie pas de la même interprétation, et est souvent reléguée au rang de résultat insolite. Cette victoire inattendue fut exceptionnelle à plus d’un titre : pour la première fois un candidat nationaliste parvenait à se faire élire, mais son mandat ne dura que trois mois puisqu’il perdit son siège aux élections générales qui suivirent, et ce fut la seule et unique victoire parlementaire d’un candidat du SNP jusqu’en 1967. Cette victoire est donc généralement rapportée à un événement ponctuel, voire anecdotique, inséparable du contexte particulier de la fin de la guerre et de l’immédiat après-guerre. Cette communication proposera de revenir sur cette élection et les facteurs qui ont rendu possible la victoire du SNP en 1945, ainsi que sur le court mandat de député de Robert McIntyre. Si la durée du mandat de Robert McIntyre semble en effet démontrer à elle seule l’irrégularité de la situation et confirmer la place marginale du SNP dans les années 1940, faut-il pour autant voir dans cette élection une simple « anomalie » ? Il s’agira donc d’examiner cet épisode et l’impact, à la fois immédiat et ultérieur, qu’il a pu avoir pour questionner la place qu’il occupe aujourd’hui dans le canon académique et dans le récit nationaliste.

14h50 Paul Malgrati

University of St Andrews

Checkpoint Rabbie: Robert Burns, Scotland, and the USSR (1941-1959)

Throughout the twentieth century, in Soviet Russia, Robert Burns attracted more fame and popularity than any other Scottish figure. This success was due, in particular, to the acclaimed 1924 translation of Burns’s poetry by Samuil Marshak, which had sold more than half a million copies, in Russia, by 1959. This paper will highlight the effects of Burns’s Soviet aura on Scotland and Scottish politics during the Cold War. After a brief moment of interest in Marshak’s translations in the wake of Stalingrad, the Soviet version of Scotland’s bard was rebuked by both Conservative and Labour Burnsians as tensions rose between East and West. It was only after the death of Stalin and the “thawing” of international relations that the Soviet Burns was hailed as a cultural ambassador between Scotland and Russia. Controversy found its way back to Scotland, however, when the USSR celebrated Burns’s 1956 Anniversary with the issue of a Burns stamp. In spite of pleas by Scottish Labour MPs in favour of a British stamp, the Tory government of Harold MacMillan adamantly refused to echo Russia’s stamp policy. At a time when British patriotic and imperialist hijacking of Burns’s legacy was losing momentum, the Soviet version of Scotland’s bard proved influential in the celebration of Burns’s Bicentenary in 1959. For the first time in Burns’s afterlife, as I will argue, Soviet influence had driven Scotland’s bard away from the mainstream of Union and Empire.

15h10 DISCUSSION

 

Ateliers II

Vendredi 7 juin 2019, 9h-10h30

9h Jean Berton

Université Toulouse Jean Jaurès

L’exception, une devise de l’Écosse ?

Cette étude sur le thème de l’exception appliqué à l’Écosse ambitionne d’explorer ce concept exprimé sous la forme d’une boutade. L’exception écossaise est-elle synonyme de scotticité ? Et la crise du Brexit imposée tant au Royaume-Uni qu’à l’Europe tout entière exacerbe la volonté de l’Écosse de montrer sa différence et ses attentes. Il s’agira donc de tenter de définir ce qu’est la scotticité en la contrastant avec l’anglicité, la britannicité, voire « l’européanité ». Pour cette exploration, nous adopterons une approche interdisciplinaire : historique, linguistique, politique, artistique, littéraire (fiction, poésie, théâtre).

9h20 Nolwenn Rousvoal

Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3

Un unionisme écossais « banal » ou l’émergence d’une « Scottish Question » ? Réaction unioniste face à la montée du nationalisme

Colin Kidd définit l’unionisme écossais comme suit: « The Union, indeed, was part of the wallpaper of Scottish political life. Banal unionism alludes to the very marginal presence played by the Anglo-Scottish Union of 1707 in modern Scottish political discourse, at least until the rise of Scottish nationalism in the 1970s ». L’unionisme écossais est donc défini comme « banal », sur le modèle du « nationalisme banal » comme l’a défini Michael Billig auparavant. Dans ce cadre politique qu’est l’union parlementaire des quatre nations du Royaume-Uni, c’est bien l’Irlande du Nord qui fait exception, au point que l’étiquette « Anglo-Irish question » a traversé les XIXe et XXe siècles, pour signaler le caractère unique du cas irlandais dans la création de l’Union. L’unionisme écossais, à la différence de l’unionisme nord-irlandais, est donc banal, au sens de non-violent, non problématique. Quelques résurgences identitaires font tout de même figures d’exception, à l’image des matchs de The Old Firm opposant le Celtic aux Rangers. Le stade de Glasgow représente alors une arène exceptionnelle où les symboles nationalistes et unionistes nord-irlandais sont mobilisés. S’agit-il alors de faits anecdotiques, limités aux matchs des deux équipes historiques de Glasgow, ou bien les tensions que connaît la ville, et qui se répercutent à Belfast les soirs de match, sont-elles révélatrices de tensions identitaires plus importantes en Écosse, comme le suggérait le compositeur James MacMillan dans son discours de 1999, « Scotland’s Shame » ?

9h40 Lauren Brancaz-McCartan

Université Savoie Mont Blanc

Branding national exceptionalism? Business and national identity in Scotland’s latest advertising campaign, Scotland Is Now

As a consequence of globalisation and growing competition between nations for their ‘share of the world’s commercial, political and cultural transactions’, nations have increasingly been led to distinguish themselves from each other by articulating distinct national – exceptional – identities which appeal to investors, businesses, and tourists. Governments across the world have been working on shaping and controlling the national images they want to project to the world, that make them stand out from the crowd, and that help them ‘attract the “right” kinds of investment, tourism, trade, and talent’. Scotland too has jumped onto the nation-branding bandwagon. Through its advertising campaigns The Spirit of Scotland and Scotland is Now, VisitScotland has been training Scottish businesses, Scottish citizens, members of the diaspora, and tourists alike to promote Scotland’s status. This paper will explore how Scotland is Now, launched in April 2018, has been adopting the strategies of the business world to create a distinct Scottish national identity which also reflects Scotland’s regional diversity. This research will analyse the marketing discourse that the Scotland Is Now campaign has been using to fashion the core essence of Scotland’s nation-brand, its attributes, benefits, ownership, and target audiences. Ultimately, to what extent can Scotland’s current nation-branding strategy be interpreted as exceptional, as enabling the Scots to distinguish themselves from the rest of the UK and set themselves on the global stage as a model nation increasingly emancipating itself from the British state?

 

10h Wafa El Fekih Said

Université Toulouse Jean Jaurès

Is Scotland’s integration model exceptional?

The political actors in Scotland have continuously praised Scotland’s distinctiveness in its approach towards newcomers. Since the devolution settlement, the multicultural trajectory of integration policies in Scotland can be seen as exceptional compared with the more hostile attitude towards ‘multiculturalism’ among British leaders (For example, David Cameron’s speech on the failure of ‘state multiculturalism’ (2011)). In addition, there is a general perception of Scots as more open to immigrants than England. Former first minister Jack McConnell stated during St Andrew’s Day ‘Scotland is also a welcoming nation, one that is open to new ideas and to new people’ (2004). Such assumptions raise questions about the extent of Scotland’s success to integrate newcomers and whether the political elite in Scotland can affect public perception of diversity. This paper is an attempt to analyze and challenge the integration model in Scotland. This work also questions whether the integration model in Scotland is exceptional in comparison with the rest of the UK.

10h20 DISCUSSION